[Editorial] Nominations : LĂ oĂč le bĂąt blesse ! (Par Adama Ndiaye)
Tout dâabord une petite prĂ©face : le grand public est passionnĂ© par les nominations du Conseil des ministres. Chaque semaine, l’article dĂ©diĂ© Ă ce sujet atteint des milliers de vues sur Seneweb, câest un des best-sellers. Il me semble que cela traduit dans notre sociĂ©tĂ© trĂšs familiale et solidaire lâespĂ©rance de voir parent, un ami, une connaissance, ĂȘtre promue pour en retour en rĂ©colter les dividendes. DâoĂč lâattrait et la passion que gĂ©nĂšrent ces nominations.
PrĂ©cisĂ©ment, depuis lâarrivĂ©e au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, la plupart des critiques se concentrent sur ces nominations. On les juge trop pastĂ©fo-pastĂ©fien, et Ă rebours de la promesse de pourvoir ces postes par le biais dâappels Ă candidatures transparents. MĂȘme si jâai Ă©tĂ© heurtĂ© par la promotion de Dame Mbodj, champion des outrances, ou de lâinquiĂ©tant, Cheikh Oumar Diagne, je pense que lâon ne peut pas reprocher au chef de lâĂtat dâaccorder la prioritĂ© Ă ses alliĂ©s, ses hommes de confiance, ceux qui ont dĂ©fendu le âprojetâ et Ousmane Sonko durant ces trois derniĂšres annĂ©es.
Je crois Ă©galement quâon leur fait un procĂšs bien injuste sur le cas de Sophie Nzinga Sy, nommĂ©e Directrice de lâAgence nationale de promotion et de dĂ©veloppement de l’Artisanat. Je pense que lâon doit Ă©carter ce soupçon de nĂ©potisme la visant, car qui est un peu familier de lâunivers de la mode et de lâartisanat sait le travail remarquable quâelle abat depuis des annĂ©es. Elle sâest faite un nom indĂ©pendamment de celui de ses parents et a de surcroĂźt militĂ© au sein des instances de PASTEF. Il est donc lĂ©gitime que ce nouveau rĂ©gime mette en avant ses talents. On ne peut la comparer Ă Mansour Faye ou Karim Wade !
Le casting en général ne me pose pas problÚme.
LĂ oĂč le bĂąt blesse, plutĂŽt, câest que le PrĂ©sident de la RĂ©publique valide lâarchitecture mise en place par son prĂ©dĂ©cesseur. Pour caser ses alliĂ©s et les dĂ©fenseurs de la âcause Ousmane Sonkoâ, il maintient toutes les structures laissĂ©es par Macky Sall. Des Directions et agences inutiles survivent. Pour un rĂ©gime qui se pique de rupture, cela fait tache. En rĂ©alitĂ©, au lieu dâun changement de systĂšme, comme les partisans de PASTEF aiment Ă Ăąnonner, on assiste plutĂŽt Ă la mise en place dâune nouvelle caste, une Ă©lite de substitution.
On peut Ă©galement relever quâil y a trĂšs peu dâinnovation, dâoriginalitĂ©. En un mot, on ne sent pas la griffe PASTEF dans lâĂ©laboration de nouvelles structures qui sont plus en phase avec les rĂ©els besoins des SĂ©nĂ©galais. Ce qui laisse penser que ce parti nâĂ©tait pas trĂšs bien prĂ©parĂ© Ă exercer le pouvoir. On objectera qu’ il y a encore un an ce parti Ă©tait dissous et la plupart de ses cadres emprisonnĂ©s. Argument valide, certes, mais MM Faye et Sonko doivent rester fidĂšles Ă leur promesse de rationalisation du budget de fonctionnement de lâĂtat. Et ce nâest pas en faisant du recyclage des agences et des Directions hĂ©ritĂ©es de Macky Sall quâils y parviendront.