« Nous nous en servons pour produire un sirop qui s’appelle ejiao, a expliqué un pharmacien de Pékin. Avec la gélatine qui se trouve dans la peau des ânes, nous fabriquons un tonic sanguin qui permet de soigner toutes sortes de maux comme l’anémie, la toux sèche ou les conséquences de la ménopause… Mais aussi l’insomnie ou la fatigue chronique. C’est un médicament que nous utilisons en Chine depuis de longues années. »
C’est donc vers l’Afrique que la Chine s’est tournée pour s’approvisionner illégalement en peaux et en viande d’âne. Le pays produit 5 000 tonnes d’ejiao chaque année, ce qui nécessite environ 4 millions de peaux, selon une estimation récente parue dans la presse chinoise.
Ces proportions sont telles que l’ONG Donkey Sanctuary (« sanctuaire pour les ânes ») tire la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié en 2007, elle appelle à l’interdiction de ce commerce sous peine de voir disparaître le quadrupède africain comme ont quasiment disparu avant lui de nombreuses espèces animales. L’ONG pointe aussi la cruauté dont le mammifère est victime. Sur les plaines du continent, des gangs déciment des troupeaux entiers. Les carcasses sont dépecées sur place, les peaux, arrachées et revendues à des commerçants chinois.
Selon la Société de prévention contre la cruauté animale (SPCA) d’Afrique du Sud, les animaux sont en général volés aux fermiers puis battus à mort à coups de marteau, et parfois écorchés vifs.
Le Botswana et le Kenya ont, eux, déjà franchi le pas et exportent désormais en toute légalité leurs peaux vers la Chine. La Namibie doit ouvrir prochainement un abattoir pour traiter localement les peaux et la viande, avant de les envoyer en Asie. A l’inverse, le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et le Niger ont préféré interdire leur exportation vers l’Asie. Mais pour combien de temps ? Dakarevent avec lemonde.fr