Pour baptiser son fils, le militaire braque une banque

Le procureur a requis hier, 15 ans de rĂ©clusion criminelle contre les deux militaires radiĂ©s, A. Dia et L. Sagna. AccusĂ©s d’association de malfaiteurs et de vol en rĂ©union avec violence et usage d’armes, les mis en cause seront Ă©difiĂ©s sur leur sort le 20 avril prochain.

Militaire de classe 2009/3, A. Dia a commis la bĂȘtise de sa vie aprĂšs la naissance de son troisiĂšme enfant. Pour les besoins du baptĂȘme, le pĂšre de famille a braquĂ© l’agence Wafacash d’Ouest-Foire en compagnie de son frĂšre d’armes, L. Sagna. En effet, Dia s’est prĂ©sentĂ© Ă  la banque le 27 mars 2019 Ă  12h, pour faire un repĂ©rage. Ainsi, il a demandĂ© Ă  la caissiĂšre, N. G. Niang si elle faisait du change. Lorsque son interlocutrice lui a rĂ©pondu par la nĂ©gative, il a quittĂ© les lieux.

À 15h, il revient sur ses pas en compagnie de Sagna qui entre en premier dans l’agence pour demander Ă  la caissiĂšre si elle faisait des opĂ©rations Orange money. Cette derniĂšre rĂ©pond par l’affirmative et Dia rejoint son comparse prĂ©sumĂ© sur les lieux. Il pointe ensuite son arme en direction de la dame et la somme de vider la caisse.

EffrayĂ©e, celle-ci crie Ă  tue-tĂȘte. Sachant que les carottes sont cuites, le dĂ©linquant jette son arme et tente de prendre la fuite. Mais, il s’est heurtĂ© Ă  la rĂ©sistance du vigile qu’il a croisĂ© devant la porte et qui voulait le faire entrer de force dans l’agence. Dans ce tohu-bohu, Dia donne un coup de crosse Ă  l’agent de sĂ©curitĂ© et prend la poudre d’escampette. Au mĂȘme moment, Sagna aurait tentĂ© de bĂąillonner la victime avec son foulard et un ruban adhĂ©sif, avant de prendre lui aussi la clef des champs. HĂ©las, les deux soldats ont Ă©tĂ© attrapĂ©s par les riverains et mis Ă  la disposition d’une patrouille de la gendarmerie.

Dia assume tout et disculpe son coaccusé

AprĂšs leur radiation, les mis en cause ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s hier, au juge de la chambre criminelle de Dakar, pour association de malfaiteurs et vol en rĂ©union avec violence et usage d’armes. NĂ© en 1991, A. Dia fait profil bas et lave Ă  grande eau son coaccusĂ©. A l’en croire, il avait demandĂ© Ă  celui-ci de l’accompagner chez sa tante, Awa Sow. Une fois devant l’agence, il lui dit d’aller demander Ă  la caissiĂšre si elle faisait des transactions Orange money, car son tĂ©lĂ©phone avait sonnĂ©. C’est alors qu’il l’a rejoint sur les lieux pour menacer la dame avec son arme. « Je n’ai mĂȘme pas eu le temps de voler l’argent, car j’étais paniquĂ© quand la dame a criĂ©. C’est pourquoi mon arme est tombĂ©e », soutient-il. Le trentenaire a indiquĂ© avoir dĂ©robĂ© l’arme Ă  la base aĂ©rienne de Ouakam oĂč il officiait en qualitĂ© de sapeur-aviateur. D’ailleurs, il a Ă©tĂ© jugĂ© et condamnĂ© Ă  deux ans, dont six mois ferme par le tribunal militaire pour vol d’armes. « J’ai fait 12 ans dans l’armĂ©e. Je dĂ©tenais une arme factice pour apeurer les oiseaux. Je voulais juste faire peur Ă  la dame », prĂ©cise-t-il. Sur les raisons de son acte criminel, l’accusĂ© a confiĂ© qu’il voulait cĂ©lĂ©brer la naissance de son fils et solder une dette de sa mĂšre, laquelle Ă©tait sous le coup d’une plainte. « J’étais sous pression. Mon frĂšre m’avait envoyĂ© 50 euros pour le baptĂȘme. Je dĂ©tenais aussi 150.000 francs. Mais, j’ai tout perdu dans ce braquage ratĂ© », poursuit-il.

ÂgĂ© de 27 ans, Lamine Sagna a rĂ©itĂ©rĂ© que son coaccusĂ© ne lui a jamais parlĂ© de son entreprise criminelle. « J’étais en train de manipuler mon portable. Soudain, je vois l’arme de mon supposĂ© complice par terre. J’ai levĂ© la tĂȘte et je l’ai vu courir. AprĂšs avoir ramassĂ© l’arme, je suis restĂ© sur place. Je ne savais pas ce qui s’était rĂ©ellement passĂ© », jure-t-il. Il ajoute avoir connu Dia Ă  l’armĂ©e de l’Air en 2016.

Conseil de Wafacash, Me Amadou Sow a demandĂ© Ă  la chambre de retenir les accusĂ©s dans les liens de la dĂ©tention et de les condamner Ă  payer les 966.000 francs qu’ils avaient emportĂ©s. « La dame n’a pas tenu le coup. Elle a dĂ©missionnĂ© deux mois aprĂšs les faits. Elle Ă©tait traumatisĂ©e », regrette la robe noire.

Le délégué du procureur a requis 15 ans de réclusion criminelle.
Les avocats de Dia ont plaidĂ© la disqualification des faits en tentative de vol. Ainsi, ils ont sollicitĂ© une application bienveillante de la loi. La dĂ©fense de Sagna a plaidĂ© l’acquittement. Jugement le 20 avril prochain.

Share:

Author: Alle Sall

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *