La suppression prochaine du poste de Premier ministre, annoncĂ©e ce samedi dans la foulĂ©e de la reconduction de Mahammad Dionne Ă la tĂȘte du gouvernement chargĂ© de mener cette rĂ©forme, posera “inĂ©vitablement” la question de la responsabilitĂ© politique du PrĂ©sident Macky Sall devant l’AssemblĂ©e nationale. C’est l’avis de Yaya Niang, docteur en droit public.
“Nous sommes dans un rĂ©gime politique oĂč le Premier ministre Ă©tait responsable devant la reprĂ©sentation nationale, rappelle le juriste contactĂ© par Seneweb. L’AssemblĂ©e nationale pouvait voter une motion de censure ou la question de confiance. Et, si cela passait, ça pouvait provoquer la dĂ©mission du Premier ministre et du gouvernement.”
“DĂ©cision brutale et surprenante”
Yaya Niang poursuit : “Comme c’est le Premier ministre qui servait de bouclier pour le prĂ©sident de la RĂ©publique, si cette fonction disparaĂźt, il faut que le PrĂ©sident Macky Sall soit prĂȘt Ă assumer la responsabilitĂ© politique devant l’AssemblĂ©e nationale. On ne peut pas avoir un ExĂ©cutif qui ne soit pas responsable politiquement devant la reprĂ©sentation nationale.”
Dans tous les cas, constate le doctorant en droit public, cette rĂ©forme “est une maniĂšre de renforcer les pouvoirs du PrĂ©sident qui Ă©taient dĂ©jĂ Ă©normes”. “Le gouvernement est la troisiĂšme institution de la RĂ©publique, d’aprĂšs l’article 6 de la Constitution. Cela veut dire que maintenant, c’est le PrĂ©sident qui va hĂ©riter d’office de tous les pouvoirs du Premier ministre qui incarnait l’institution du gouvernement”, signale le juriste.
Qui ajoute : “Il y a beaucoup d’actes qui sont contresignĂ©s par le Premier ministre. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui tel n’est plus le cas. On peut donc dire que le prĂ©sident de la RĂ©publique a augmentĂ© ses prĂ©rogatives en exerçant de maniĂšre solitaire le pouvoir exĂ©cutif.”
Une option qui ne justifie pas de l’avis de Yaya Niang : “Il n’y a aucun fait, aucune crise politique qui puisse justifier cette suppression. D’ailleurs, nulle part, il ne l’avait envisagĂ©e dans son programme. Cette dĂ©cision est brutale et surprenante.”