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« Je m’approprie sans réserve les constats faits et les recommandations formulées », a déclaré le ministre des Finances Cheikh Diba, évoquant le rapport de la Cour des comptes lors d’un face-à-face entre le gouvernement et la presse, ce jeudi. Le document en question dévoile des ‘’anomalies’’ et des ‘’manquements’’ graves dans la gestion des finances publiques de 2019 au 31 mars 2024, avec notamment un maquillage des chiffres de la dette estimé à plus de 18 000 milliards CFA soit plus de 99% du PIB, entre autres.
Constatant avec effarement la situation catastrophique héritée du régime précédent, le gouvernement s’engage tout de même à « assurer la viabilité des finances publiques ». Désormais, a assuré Cheikh Diba, « chaque franc dépensé doit être justifié. Chaque engagement budgétaire doit être optimisé. Chaque réforme doit être appliquée avec la plus grande rigueur ».
Ainsi, face à de grands défis à relever, le gouvernement, signale le ministre des Finances, « a déjà engagé une réforme en profondeur de la gestion budgétaire et de la dette publique avec l’objectif très clair d’assurer la viabilité des finances publiques tout en préservant notre souveraineté économique ». Ces réformes, précise la tutelle, s’articulent autour de trois axes majeurs.
« Premièrement, le renforcement du contrôle budgétaire et de la gestion des investissements publics. Deuxièmement, la modernisation et la digitalisation de la gestion des finances publiques. Et troisièmement, les réformes structurelles visant à une réorganisation des services impliqués dans la gestion de la dette », déclare-t-il.
Ces réformes structurelles, poursuit-il, seront traduites comme suit et mises en œuvre de manière séquentielle.
Premièrement, il faudra, selon le ministre, « améliorer la qualité comptable de l’information financière à travers la mise en place d’un système d’information intégrée de gestion des finances publiques garantissant un meilleur contrôle des dépenses et des financements ». « Cette modernisation permettra d’améliorer la qualité et la fiabilité des données financières, de faciliter leur accessibilité et d’assurer la sincérité des comptes », confie M. Diba.
En outre, un contrôle plus strict des projets financés sur ressources extérieures avec la désignation d’un agent comptable est annoncé. Cette mesure vise, à l’en croire, à « assurer un contrôle libre et une meilleure gestion des engagements financiers du pays ».
Il faudra aussi engager la réorganisation des réseaux comptables, afin « d’accélérer la centralisation des données, d’améliorer leur fiabilité et d’optimiser la gestion de la trésorerie de l’État ». « L’intégration de supports indispensables facilitera la fluidité des opérations comptables et garantira une meilleure traçabilité des flux financiers », estime-t-il.
Le deuxième axe porte sur la réforme de la gestion de la dette publique. Il s’opérera, d’après le ministre des Finances, à travers « le retour à l’orthodoxie en matière de gestion de la dette par une centralisation des fonctions de négociation, d’utilisation et de gestion de la dette publique ». « Cette centralisation permettra de surmonter les difficultés liées à la dispersion des compétences dans l’administration de la dette publique. Elle se fera en réunissant les fonctions de négociation, de mobilisation des financements et de gestion de la dette, et cette réforme devra garantir une meilleure coordination de l’information financière et une gestion efficiente des ressources publiques », explique-t-il.
Dans le même sillage, il est prévu la création d’un service unique au sein de l’État, compétent pour la gestion des emplois et des garanties associées, ce qui assurera ainsi une approche plus transparente et harmonisée de la politique d’endettement.
Enfin, le troisième axe porte sur le renforcement de l’efficacité et de la transparence des finances publiques. « Il s’opérera à travers le renforcement du dispositif de collecte et de fiabilisation des informations sur les finances publiques, l’installation d’une déclaration de responsabilité personnelle de tous les agents impliqués dans la production de l’information financière », conclut Cheikh Diba.