Le monde rural en agonie (par Thierno SALL, ENDA PRONAT)

La propagation du Covid 19 au SĂ©nĂ©gal est entrain de dĂ©vaster les communautĂ©s rurales notamment les exploitations familiales (agriculteurs, Ă©leveurs, pĂȘcheurs) et le secteur informel (commerçants, tailleurs, mĂ©caniciens, menuisiers
) qui souffraient dĂ©jĂ  de faibles revenus, des effets du changement climatique, de la dĂ©gradation des ressources naturelles (eau, foncier et forĂȘts
), de la concurrence des multinationales
 Et pourtant, le SENEGAL, dĂ©pend de ces populations rurales pour assurer une bonne partie de sa souverainetĂ© et de sa sĂ©curitĂ© alimentaire. Or, la pandĂ©mie et les perturbations qui en dĂ©coulent sur le plan des Ă©changes commerciaux et des marchĂ©s rĂ©duisent considĂ©rablement la crĂ©ation de revenus. Les mesures de prĂ©vention au niveau du transport prises par l’État du SĂ©nĂ©gal pour limiter la propagation du Covid-19 ont des impacts Ă©conomiques et sociaux. Des mesures venues au moment oĂč toutes les spĂ©culations horticoles, notamment l’oignon, la carotte, le chou, la tomate, etc. sont au pic de la production. Des milliers de tonnes pourrissent dans les mains des paysans par faute de marchĂ©s. Cependant, il est encore trop tĂŽt me semble-t-il pour percevoir tous les effets de la pandĂ©mie, mais nous constatons dĂ©jĂ  que l’interruption des chaĂźnes d’approvisionnement met Ă  mal les activitĂ©s du monde rural. Toutes les activitĂ©s sont Ă  l’agonie mettant ainsi des milliers de familles dans des situations de prĂ©caritĂ© extrĂȘmement difficiles Ă  surmonter. Certes, nous devons appliquer toutes les mesures barriĂšres pour Ă©viter la propagation du virus Covid 19, mais nous devons aussi rĂ©flĂ©chir Ă  des stratĂ©gies d’adaptation afin que les activitĂ©s Ă©conomiques puissent continuer Ă  faire vivre les populations rurales. Si certains peuvent rester des mois sans travailler tout en continuant d’assurer leur sĂ©curitĂ© alimentaire, ou ont la possibilitĂ© d’adapter leur façon de travailler (tĂ©lĂ©travail par exemple), d’autres n’ont pas ces possibilitĂ©s. Le SĂ©nĂ©gal, dans sa majoritĂ©, est constituĂ© de « Goorgoorlu » et de « Fatou-Fatou » , c’est-Ă -dire de « Papas » et de « Mamans » qui gagnent leurs repas au quotidien. Il faut aller au marchĂ©, aux champs, au quai de pĂȘche
rĂ©colter et vendre un produit pour pouvoir assurer le repas familial de 13 heures. Comment-on peut envisager de confiner de telle catĂ©gories de familles sans pouvoir les nourrir ? La mort c’est la mort. Soit la covid 19 vous tue, soit la faim ou la famine vous tue. Entre ces deux options, je choisis de ne pas rester chez moi et de prendre toutes les mesures idoines contre tout risque de contamination pour ne pas mourir de la faim. Ce n’est pas que je suis insouciant du danger qui me guette, mais c’est tout simplement une question de survie. L’heure est Ă  la solidaritĂ©. Que les plus forts financiĂšrement soutiennent les plus faibles. L’État ne peut pas tout faire, la solidaritĂ© nationale est devenue une condition sine qua non. En effet, face aux insuffisances et Ă  l’inadaptation des systĂšmes de solidaritĂ©, il devient urgent de concevoir et de mettre en place un mĂ©canisme plus appropriĂ© et efficace, capable de trouver des solutions idoines Ă  une demande sociale sans cesse croissante, consĂ©quence de l’état de pauvretĂ© dans lequel est plongĂ© une frange importante de la population sĂ©nĂ©galaise. Il s’agit dĂšs lors, d’apporter des rĂ©ponses immĂ©diates aux situations de crise et d’urgence mais Ă©galement de revoir notre systĂšme de production et de consommation. Il est temps d’aller vers des modĂšles et des politiques qui nous mĂšneront vers la souverainetĂ© alimentaire de façon durable, juste et Ă©quitable. Thierno SALL, chargĂ© de la communication ENDA PRONAT thiernolaye@gmail.com/773745265

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Author: Sabrina PETIT

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