Des milliers d’Américains auraient été victimes de tentatives de recrutement sur le réseau social LinkedIn par des espions chinois, a assuré William Evanina, le directeur du contre-espionnage américain.
William Evanina, patron du contre-espionnage américain, a accusé directement, samedi 1er septembre, les agents chinois de “contacter des milliers” de ressortissants américains sur le réseau social professionnel pour les recruter au profit de Pékin.
“Twitter a récemment banni des millions de faux comptes, et je demanderai à LinkedIn d’aller dans le même sens”, a affirmé William Evanina.
Le réseau social a confirmé travailler avec les autorités américaines pour mettre un terme à cette campagne de recrutement. La Chine a qualifié ces accusations de “non-sens”.
Faux chasseurs de tête et universitaires
William Evanina n’est pas le premier à identifier ce site, qui compte 575 millions d’utilisateurs dans le monde, comme un terrain de jeu privilégié pour les espions chinois. Les services allemands et britanniques de renseignement sont parvenus à la même conclusion ces dernières années.
Un ex-agent de la CIA arrêté
Après un premier contact fructueux, les victimes sont ensuite généralement invitées à des conférences ou des entretiens d’embauche en Chine. Les services chinois de renseignement profitent alors de ces déplacements pour obtenir des informations sensibles ou une collaboration à plus long terme. Les cibles identifiées comme prioritaires peuvent recevoir des “compensations” de plusieurs dizaines de milliers d’euros, avaient constaté les espions allemands.
Kevin Mallory, qui avait travaillé pendant 20 ans pour l’agence américaine de renseignement, a été reconnu coupable d’avoir fourni des informations sensibles à une puissance étrangère en juin 2018. Ce vétéran de l’espionnage avait été contacté sur le réseau social professionnel par un agent chinois se faisant passer pour un chasseur de tête. Kevin Mallory avait été convaincu de coopérer avec Pékin après plusieurs voyages à Shanghai. Le jury n’a pas cru les avocats de l’ex-espion américain qui ont affirmé qu’il n’avait jamais trahi son pays, mais qu’il essayait, au contraire, d’exposer les espions chinois actifs sur LinkedIn. Kevin Mallory connaîtra sa sentence le 21 septembre et risque la prison à vie pour trahison.