Santé : Lettre ouverte d’un Doctorant / Chercheur en Audit interne au Président de la République, Macky Sall

La série de drames dans nos hôpitaux continue de susciter des réactions. Cette lettre ouverte adressée au président Macky Sall par Papa Amadou Mbaye est de celles-là. Doctorant / Chercheur en Audit interne et Performance de Hôpitaux depuis 2008, il a tenu à faire une suggestion.

Il l’assimile à celle ” d’un citoyen concerné” et l’intitule « L’audit interne dans les établissements publics de santé, indépendante et objective, centralisée au Ministère de la Santé et l’élargissement de la Médecine Militaire dans toutes les régions du Sénégal : une des axes majeures de l’Urgence d’une Réforme Hospitalière qui s’impose”.

DakarEvent qui a reçu une copie de cette lettre vous propose la publication de son contenu in extenso. Monsieur le Président de la République, En tant que citoyen concerné par les problèmes de notre économie, permettez-moi de suggérer certaines actions à mon avis nécessaires pour la performance de notre système de santé. Son Excellence, Aucun environnement de soins n’est exempt de déficience au plan organisationnel.

Qu’il s’agisse de l’hôpital urbain le plus moderne ou de la structure sanitaire la plus reculée. Une organisation médiocre diminue en amont les avantages procurés aux clients, décourage les prestataires de soins et constitue une source de gaspillage des ressources sanitaires très limitées. (Franco, L. M., Gaël, J. N. & Mariani, M. E., 1997).Recevoir des soins de qualité, dans de très bonnes conditions avec le moins de risques possibles, devient ainsi le rêve de tout patient dès qu’il intègre une structure sanitaire.Suite aux malencontreux évènements dans nos différentes structures de santé depuis un moment (exemple : tout récemment à Tivaouane, Louga…), l’amélioration et le changement de plusieurs aspects dans le milieu médical est d’une urgence capitale :

• L’allocation et gestion des ressources, la qualité du service offert, les inégalités dans l’accès aux soins de santé ;

• Une démarche budgétaire à parfaire pour un pilotage effectif ;

• Une logique de maîtrise des dépenses sans aucune influence négative sur la qualité du service offert ;

• Une amélioration de la situation des hôpitaux proches des cessations de paiement ;

• L’incapacité des structures sanitaires à pouvoir assurer leur mission ;

• Le manque de souplesse dans la gestion des hôpitaux ne favorisant pas la responsabilisation des usagers et du personnel ;

• La nécessité d’une Politique Nationale Hospitalière cohérente et un secteur hospitalier plus performant ;

• De meilleures compétences RH, d’organisations et implications des acteurs pour une efficacité dans l’offre de soins ;

• L’Exigence de la transparence et de l’optimisation de l’utilisation des ressources

• L’évolution technologique et le développement de l’e-santé et la Télémédecine ;

Découlant logiquement de ce constat, l’Etat du Sénégal engagea une vaste réflexion dont les conclusions sont reprises dans les rapports de Balique et Bettiga. C’est ainsi qu’une Réforme Hospitalière a vu le jour au Sénégal en 1998 ( la loi 98-08 du 02 mars 1998 et Décrets ).LA REFORME HOSPITALIEREAvec la réforme hospitalière, la notion de Performance fut introduite dans le secteur hospitalier.

Pour assurer une réussite de cette réforme, d’importantes mesures d’accompagnement d’ordre législatif, organisationnel et financier furent mises en place. Le but de celle-ci est d’améliorer les performances des hôpitaux sur le plan de la gestion et de la qualité des soins. La Réforme confère aux établissements une grande autonomie encadrée par un conseil d’Administration et contrôlée par des mécanismes qui sont équivalents à ceux utilisés dans les établissements publics (DES 1998). Les établissements sont assujettis à des contrôles périodiques des activités de soins, des installations et des équipements.

C’est pourquoi, il est apparu nécessaire aux autorités sanitaires d’engager une réforme de ce secteur afin de répondre aux exigences d’une politique orientée vers la santé pour tous et aux exigences de la société moderne qui demande une médecine de plus en plus efficace. Pour rappel, la fonction d’audit interne a été prise en compte au moment de la réforme hospitalière de 1998.

Malheureusement les hôpitaux avaient toujours du mal à mettre en place un service d’audit interne comme activité indépendante et objective avec un niveau de compétence requis et adapté au secteur.

La dernière crise financière internationale a révélé que l’audit interne (contrôle, management des risques, gouvernance) constitue la pierre angulaire de la maîtrise des activités des entreprises et le pilotage de leurs performances. Celle-ci peut donc contribuer à l’amélioration de la qualité des soins offerts dans les établissements publics de santé.

L’AUDIT INTERNE, UNE SOLUTION Toute polémique à part autour de ce terme, officiellement, l’audit Interne est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les améliorer, et contribue à créer de la valeur ajoutée (VA).

En termes « publique » : VA peut s’entendre « meilleure efficacité et accroissement de performance ». – Il aide cette organisation à atteindre ses objectifs en évaluant, par une approche systématique et méthodique, ses processus de management des risques, de contrôle, et de gouvernement d’entreprise, et en faisant des propositions pour renforcer leur efficacité. (Définition de l’audit interne : Version française de la définition internationale, approuvée le 21 mars 2000 par le Conseil d’Administration de l’Institut de l’Audit Interne.)

L’Audit interne, une fonction nouvelle, très peu connue, incomprise et mal enseignée (Renard, J., 2009). Son rôle et les tâches détenues par les contrôleurs de gestion dans la plus part des hôpitaux au Sénégal, n’étaient pas bien précisés dans les textes au moment de la réforme (Wade E. B., 2003).

L’Audit interne, une fonction à forte valeur ajoutée, de maîtrise des risques, de contrôle et de gouvernement d’entreprise qui aide à atteindre les objectifs (IIA, 1999), (CHEKROUN M., 2014), (Samir BOUGUETAYA 2011).Il peut bien être une solution pour un système de santé performant et surtout pour mener à bien la gouvernance des Hôpitaux.

L’audit interne dans les hôpitaux et comme fonction permanente dans l’établissement permet d’éviter de dépêcher à chaque fois dans l’immédiat, une mission d’inspection pour prévenir les risques et éviter ‘’ les médecins après la mort’’.Il est important de noter, qu’il n’est pas utopique de considérer l’audit interne comme une solution envisageable pour pallier aux différents problèmes dans le secteur sanitaire.

Il a fait ses preuves dans les Entreprises Publics et peut beaucoup contribuer à une meilleure gouvernance dans les Universités Publics et établissements du secteur. Il existe une relation significative entre la fonction d’audit interne et la performance organisationnelle des établissements publics de santé au Sénégal en tenant compte des traits saignants de la définition de l’audit interne (Hervé Boulanger, 2013) :

• La recherche d’indépendance et d’objectivité• Le rôle de supervision et d’évaluation du contrôle interne (à savoir la structure organisationnelle, les méthodes et les procédures et la maîtrise des risques)

• Le rôle de propositions et de conseils aux dirigeants

• La différence avec l’audit externe placé en dehors de l’organisation (l’audit externe ayant aussi un œil sur la Performance de l’audit interne)

L’Audit interne et les autres fonctions (Renard J., 2009) Audit interne : Définition officielle (IIA Global, Usa 1999, IFACI 2000) Audit externe – Audit médical, Audit clinique, Audit à blanc ou Pré-diagnostic – Audit social  Contrôle Interne (COSO, 2013) – Contrôle de gestion  Certification – Management qualité – Accréditation – Assurance qualité  Le champ de l’audit interne  Audit de conformité/régularité  Audit d’efficacité – Audit de management  Audit de stratégie – Audit de performanceDe plus, l’élargissement de la Médecine militaire dans toutes les Régions est un axe majeur à considérer.

Le niveau de rigueur, de sérieux, de discipline et de travail de la santé Militaire est sans pareil. L’Hôpital Principal de Dakar et l’hôpital Militaire de Ouakam en sont un exemple palpable, pour n’en citer que ceux là.

En outre, on peut aussi mettre en exergue l’accompagnement des éléments de la Croix Rouge Sénégalaise pour un dispositif de soutien dans le secteur.Les directives du Président de la République du Sénégal SE M. Macky SALL sont également à prendre en compte pour améliorer les manquements du système sanitaire avec l’Audit Interne. Il préconise :

• d’accélérer les réformes en vue de la professionnalisation des personnels et de la transformation de la gestion des structures sanitaires.

• de finaliser l’audit de la gouvernance des structures de santé (en particulier la réforme hospitalière de 1998), en vue d’accélérer les réformes nécessaires à la mise en œuvre optimale du programme d’investissement (2020-2024), pour un système de santé résilient et performant.

• de finaliser un plan d’optimisation de la carte sanitaire et des offres de service de santé.• de renforcer les inspections des établissements de santé et d’assurer la qualité de la formation du personnel médical par un contrôle et une régulation des écoles de formations dédiées.

• d’engager dès à présent la généralisation des processus de certification qualité des hôpitaux et de mettre en application les manuels de procédures harmonisés pour les autres structures de santé (Centres de santé, Postes de santé).

• d’engager à partir de septembre 2022, le lancement des travaux de reconstruction intégrale de l’hôpital Aristide le Dantec sur son site actuel.

Conseil des ministres du 20 avril 2022 CONCLUSION Depuis des années, les différentes Réformes Hospitalières n’ont pas permis aux structures de santé de répondre comme il se doit aux exigences qui leur incombent et de faire face aux difficultés rencontrées. Il n’y a toujours pas de solutions durables et les constats sont les mêmes jusqu’à ce jour. Pour conclure, nous sommes certains que l’audit interne est l’une des meilleures solutions à implémenter voire réorganiser dans les EPS où ça existe dès à présent pour en apprécier l’efficacité.

A cela, s’ajoute l’élargissement de la Médecine Militaire sur tout le territoire ainsi que le soutien de la Croix Rouge Sénégalaise dans le système sanitaire sans oublier la Télésurveillances des activités d’urgences à hauts risques. J’ai l’honneur, Monsieur le Président de la République, de vous prier d’agréer l’expression de ma très haute considération. Fait à Dakar, le 31 mai 2022 Papa Amadou Mbaye Doctorant / Chercheur en Audit interne et Performance de Hôpitaux depuis 2008Auditeur Consultant / Auditeur interne au CROUS de Bambey – Promoteur de l’Audit interne – Management des risques et la Démarche Qualité dans les Hôpitaux (EPS).

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Author: Diop

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