14 septembre1997-14 septembre 2018 : Mame Dabakh, yaga bakh (Par Papa Makhtar Diallo)

Que de fois il me fut difficile de le fixer des yeux devant ma tĂ©lĂ© ! Car ses yeux grands ouverts et interpellateurs du monde accompagnaient toujours ses mots jusqu’ici soutenus dans mon cƓur, et qui continuent d’éveiller mes sens, de troubler mon Ăąme et d’ébranler mes certitudes : il avait appris l’essentiel, et il appelait Ă  l’essentiel, avec cƓur, toujours ; et tellement d’intelligence et de pĂ©dagogie
Il craignait tant le mal que sa vie durant il a toujours appelĂ© Ă  l’union des cƓurs. À son Ă©coute, trĂšs tĂŽt, j’ai appris combien il Ă©tait important de se mettre sur la bonne voie et d’Ă©viter de tomber dans la perdition des mƓurs et des valeurs, comme certains hommes qui s’égarent si souvent qu’ils perdent de vue l’essentiel et continuent de s’accrocher Ă  des choses vaines,  Ă©phĂ©mĂšres et insignifiantes.

RĂ©sonnent encore dans mes souvenirs ses paroles qui tĂ©moignent de son exigence de vĂ©ritĂ© et de son amour pour la justice. C’est sans doute ce qui me sert d’autorĂ©gulation et qui me maintient sur la bonne voie, le bon chemin tracĂ© par son maĂźtre et pĂšre et qui se distingue des chemins de l’égarement.
Oui, il avait tout appris d’un saint homme, qui lui a tant donnĂ©, tant offert et qui, trĂšs tĂŽt, l’avait choyĂ©, formĂ© et protĂ©gĂ©. C’Ă©tait son pĂšre, feu Seydi Maodo El Hadji Malick SY (RTA). Il rappelait combien, Ă  ses cĂŽtĂ©s, il avait appris la spiritualitĂ©, l’amour du divin, la fraternitĂ© et l’humilitĂ©. Des heures durant, il faisait naĂźtre de sa mĂ©moire les Ă©vĂ©nements et les instants qui l’avaient marquĂ© alors qu’il Ă©tait encore tout jeune.
La foi profonde de son maĂźtre et pĂšre, sa dĂ©votion complĂšte Ă  ALLAH, son intelligence, sa science, son ouverture d’esprit, sa bontĂ© et sa douceur Ă©taient ces qualitĂ©s qui reviennent de façon permanente comme tĂ©moignage lorsqu’on le dĂ©crit sous ses nombreuses facettes.

Combien l’ont connu et apprĂ©ciĂ© durant ces annĂ©es pleines ? Multipliant les confĂ©rences publiques qu’il donnait, il ne manquait jamais de s’exprimer sur toutes les questions de la vie, crĂ©ant des liens indĂ©fectibles dans la communautĂ© de pensĂ©e et de vue, diffusant une pensĂ©e profondĂ©ment pieuse et toujours nourrie de sa sĂšve spirituelle avec l’amour du divin en bandouliĂšre. Il a ainsi su prĂ©server l’essentiel : une foi profonde et une fraternitĂ© fidĂšle.
Il donnait tellement de conseils aux autres. À chacun, il a offert de quoi investir dans la foi en Dieu, en lui prodiguant de promouvoir ses propres qualitĂ©s essentielles. À chacun, il a donc rappelĂ© qu’il y a un essentiel en lui.

Une existence de plus de 93ans passĂ©e sur terre, toute une vie entiĂšrement consacrĂ©e Ă  Dieu, Ă  la foi et Ă  la justice sociale : il savait le dernier souffle crĂ©pusculaire parvenir Ă  terme. Aux heures les plus profondes, il parlait encore, il en parlait tellement, de l’amour, de la fraternitĂ©, de l’affection
Quelques mois avant de rĂ©pondre Ă  son Seigneur, sur le chemin du retour Ă  Dieu, il nous dit : «”tape” lenn xol yi». Ainsi, il a tenu Ă  nous rappeler de ne jamais oublier l’essentiel : c’est de vivre avec Dieu pour savoir vivre chez et avec les hommes.

Cette force spirituelle fut son Ă©nergie vitale jusqu’à son dernier souffle. Il est restĂ© fidĂšle au message basique de l’Islam divin. ProfondĂ©ment attachĂ© au livre coranique et Ă  la sunna du prophĂšte Mohamed (Paix, salut et bĂ©nĂ©diction sur lui). Je lui dois beaucoup
 Je lui dois d’avoir appris que la solitude avec Dieu vaut mieux que la perdition parmi les hommes. Je lui dois d’avoir dĂ©couvert que la tristesse profonde ne peut jamais venir Ă  bout de la foi en Dieu. Sa gĂ©nĂ©rositĂ© extrĂȘme, son intelligence parfaite, sa douceur lĂ©gendaire et son pur savoir furent autant de cadeaux cĂ©lestes qu’il m’a tendus.

Je remercie mon Dieu de m’avoir acceptĂ© TalibĂ© Cheikh. C’est tout cela qui m’a permis de dĂ©couvrir combien la foi est amour
 du divin et des hommes (amour fraternel) dans toutes Ă©preuves et face Ă  toutes les adversitĂ©s. Car le sage est celui qui endure les coups de l’adversitĂ© d’une Ăąme Ă©gale.
Observateur du monde contemporain, pas seulement, acteur aussi, mĂȘme si Ă©loignĂ© des foules, dans la solitude de sa demeure certes, aprĂšs des annĂ©es d’un combat sans rĂ©pit menĂ© pour Dieu, contre la traĂźtrise et la corruption, ses mots avaient une rĂ©sonance sans pareille dans l’ouĂŻe du fidĂšle musulman : il ne cessait de nous entretenir de Dieu, des penchants du cƓur et du sentiment de pardon. Il nous avait appris l’essentiel, il nous appelait Ă  l’essentiel : sans dĂ©tour.
Il repose dĂ©sormais auprĂšs de celui qui  lui a enseignĂ© les prĂ©ceptes qui mĂšnent au droit chemin (siratalmustakim), son adorĂ© pĂšre, El Hadji Malick SY (RTA). Que le TOUT-PUISSANT ALLAH NOUS LES AGRÉE TOUS DEUX DANS SON PARADIS.
Avec cette inscription sur leurs tombes : « Nous sommes Ă  Dieu et c’est vers Lui qu’est notre retour». Parole de vĂ©ritĂ© qu’il faudra pourtant bien accepter, fut-elle amĂšre. Ainsi nous l’a commandĂ© le ProphĂšte (BPSL). Mame Abdou Aziz SY ! Ya bax, yaga bax!

*Mame Dabakh, yaga bakh (le constant en bonté, Grand pÚre Dabakh Abdou Aziz SY, Khalife général de la communauté tidiania)

Papa Makhtar DIALLO, Ă©crivain, activiste, PrĂ©sident du mouvement citoyen les “indignĂ©s” du SĂ©nĂ©gal

Author: Ibrahima MBOUP

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