Que de fois il me fut difficile de le fixer des yeux devant ma tĂ©lĂ© ! Car ses yeux grands ouverts et interpellateurs du monde accompagnaient toujours ses mots jusquâici soutenus dans mon cĆur, et qui continuent dâĂ©veiller mes sens, de troubler mon Ăąme et dâĂ©branler mes certitudes : il avait appris lâessentiel, et il appelait Ă lâessentiel, avec cĆur, toujours ; et tellement dâintelligence et de pĂ©dagogie
Il craignait tant le mal que sa vie durant il a toujours appelĂ© Ă l’union des cĆurs. Ă son Ă©coute, trĂšs tĂŽt, jâai appris combien il Ă©tait important de se mettre sur la bonne voie et d’Ă©viter de tomber dans la perdition des mĆurs et des valeurs, comme certains hommes qui sâĂ©garent si souvent quâils perdent de vue l’essentiel et continuent de s’accrocher Ă des choses vaines, éphĂ©mĂšres et insignifiantes.
RĂ©sonnent encore dans mes souvenirs ses paroles qui tĂ©moignent de son exigence de vĂ©ritĂ© et de son amour pour la justice. Câest sans doute ce qui me sert dâautorĂ©gulation et qui me maintient sur la bonne voie, le bon chemin tracĂ© par son maĂźtre et pĂšre et qui se distingue des chemins de lâĂ©garement.
Oui, il avait tout appris dâun saint homme, qui lui a tant donnĂ©, tant offert et qui, trĂšs tĂŽt, lâavait choyĂ©, formĂ© et protĂ©gĂ©. C’Ă©tait son pĂšre, feu Seydi Maodo El Hadji Malick SY (RTA). Il rappelait combien, Ă ses cĂŽtĂ©s, il avait appris la spiritualitĂ©, lâamour du divin, la fraternitĂ© et lâhumilitĂ©. Des heures durant, il faisait naĂźtre de sa mĂ©moire les Ă©vĂ©nements et les instants qui lâavaient marquĂ© alors quâil Ă©tait encore tout jeune.
La foi profonde de son maĂźtre et pĂšre, sa dĂ©votion complĂšte Ă ALLAH, son intelligence, sa science, son ouverture dâesprit, sa bontĂ© et sa douceur Ă©taient ces qualitĂ©s qui reviennent de façon permanente comme tĂ©moignage lorsquâon le dĂ©crit sous ses nombreuses facettes.
Combien lâont connu et apprĂ©ciĂ© durant ces annĂ©es pleines ? Multipliant les confĂ©rences publiques quâil donnait, il ne manquait jamais de sâexprimer sur toutes les questions de la vie, crĂ©ant des liens indĂ©fectibles dans la communautĂ© de pensĂ©e et de vue, diffusant une pensĂ©e profondĂ©ment pieuse et toujours nourrie de sa sĂšve spirituelle avec lâamour du divin en bandouliĂšre. Il a ainsi su prĂ©server lâessentiel : une foi profonde et une fraternitĂ© fidĂšle.
Il donnait tellement de conseils aux autres. Ă chacun, il a offert de quoi investir dans la foi en Dieu, en lui prodiguant de promouvoir ses propres qualitĂ©s essentielles. Ă chacun, il a donc rappelĂ© quâil y a un essentiel en lui.
Une existence de plus de 93ans passĂ©e sur terre, toute une vie entiĂšrement consacrĂ©e Ă Dieu, Ă la foi et Ă la justice sociale : il savait le dernier souffle crĂ©pusculaire parvenir Ă terme. Aux heures les plus profondes, il parlait encore, il en parlait tellement, de lâamour, de la fraternitĂ©, de lâaffectionâŠQuelques mois avant de rĂ©pondre Ă son Seigneur, sur le chemin du retour Ă Dieu, il nous dit : «”tape” lenn xol yi». Ainsi, il a tenu Ă nous rappeler de ne jamais oublier lâessentiel : câest de vivre avec Dieu pour savoir vivre chez et avec les hommes.
Cette force spirituelle fut son Ă©nergie vitale jusquâĂ son dernier souffle. Il est restĂ© fidĂšle au message basique de lâIslam divin. ProfondĂ©ment attachĂ© au livre coranique et Ă la sunna du prophĂšte Mohamed (Paix, salut et bĂ©nĂ©diction sur lui). Je lui dois beaucoup⊠Je lui dois dâavoir appris que la solitude avec Dieu vaut mieux que la perdition parmi les hommes. Je lui dois dâavoir dĂ©couvert que la tristesse profonde ne peut jamais venir Ă bout de la foi en Dieu. Sa gĂ©nĂ©rositĂ© extrĂȘme, son intelligence parfaite, sa douceur lĂ©gendaire et son pur savoir furent autant de cadeaux cĂ©lestes quâil mâa tendus.
Je remercie mon Dieu de mâavoir acceptĂ© TalibĂ© Cheikh. Câest tout cela qui m’a permis de dĂ©couvrir combien la foi est amour⊠du divin et des hommes (amour fraternel) dans toutes Ă©preuves et face Ă toutes les adversitĂ©s. Car le sage est celui qui endure les coups de lâadversitĂ© dâune Ăąme Ă©gale.
Observateur du monde contemporain, pas seulement, acteur aussi, mĂȘme si Ă©loignĂ© des foules, dans la solitude de sa demeure certes, aprĂšs des annĂ©es dâun combat sans rĂ©pit menĂ© pour Dieu, contre la traĂźtrise et la corruption, ses mots avaient une rĂ©sonance sans pareille dans lâouĂŻe du fidĂšle musulman : il ne cessait de nous entretenir de Dieu, des penchants du cĆur et du sentiment de pardon. Il nous avait appris lâessentiel, il nous appelait Ă lâessentiel : sans dĂ©tour.
Il repose dĂ©sormais auprĂšs de celui qui lui a enseignĂ© les prĂ©ceptes qui mĂšnent au droit chemin (siratalmustakim), son adorĂ© pĂšre, El Hadji Malick SY (RTA). Que le TOUT-PUISSANT ALLAH NOUS LES AGRĂE TOUS DEUX DANS SON PARADIS.
Avec cette inscription sur leurs tombes : « Nous sommes Ă Dieu et câest vers Lui quâest notre retour». Parole de vĂ©ritĂ© quâil faudra pourtant bien accepter, fut-elle amĂšre. Ainsi nous lâa commandĂ© le ProphĂšte (BPSL). Mame Abdou Aziz SY ! Ya bax, yaga bax!
*Mame Dabakh, yaga bakh (le constant en bonté, Grand pÚre Dabakh Abdou Aziz SY, Khalife général de la communauté tidiania)
Papa Makhtar DIALLO, Ă©crivain, activiste, PrĂ©sident du mouvement citoyen les “indignĂ©s” du SĂ©nĂ©gal