“Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité (…)Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain…”(Extrait du serment d’Hippocrate)
Les personnels de santé réclament toujours des conditions de travail décentes, et c’est leur droit le plus absolu. Nul n’a le droit de le leur contester. Toutefois, beaucoup d’agents de santé gagneraient à se regarder dans le miroir, en se demandant s’ils s’acquittent avec engagement de leur tâche, de leur sacerdoce. Car plus qu’un métier, ou une activité professionnelle, prodiguer des soins, soulager des maux, guérir un patient, est d’abord un acte d’humanité.
Le principal problème dans nos hôpitaux, au-delà des déficits en termes de qualité de ressources humaines et d’infrastructures, c’est d’abord et avant tout le manque d’empathie auquel les malades et leurs proches font face de la part d’agents qui semblent ignorer le sens de leur mission de service public. On nous accusera, sans doute, de généraliser, mais nous avons tous eu, en tout cas ceux qui n’ont pas les moyens d’aller en clinique ou de bénéficier de soins à l’étranger, cette mauvaise expérience de tomber sur un agent qui vous accueille avec morgue, sans sympathie, comme si vous l’importuniez. Nous avons tous eu affaire à ces personnels de santé qui refusent de prendre en charge des malades pour différentes considérations injustifiables.
Le cas de Astou Sokhna, femme en état de grossesse décédée à l’hôpital Sakhir Mbaye de Louga, n’est que la dernière tragédie d’une longue liste de cas de négligence dans nos structures de santé. En mars dernier, lors d’une séance des matinées du Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS), le Commandant Mame Diène Ndiaye, du groupement des unités spéciales de la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers, racontait les circonstances du décès à Dakar de chef de la sécurité du Président turc, Erdogan : “Nous rencontrons des difficultés pour l’admission des victimes dans les hôpitaux. Ça a été le cas pour le chef de la sécurité du président turc, Recep Tayyip Erdogan. Le premier hôpital nous a dit qu’il n’y avait pas de place pour lui. Alors que la victime se trouvait en état d’arrêt cardiaque. On était obligé d’aller vers un autre hôpital”. Et le commandant Ndiaye de conclure : “C’est ce que nous vivons tous les jours. Il ne se passe pas une semaine sans que de telles situations aient lieu”.
On ne peut que lui donner raison. Beaucoup de Sénégalais témoignent, régulièrement dans les différents forums de discussion et sur les réseaux sociaux, de leurs mésaventures vécues dans les hôpitaux, entre mépris, indifférence, manque d’empathie et, disons-le, incompétence.
Réintroduire une once d’humanité et de sens du devoir dans nos services publics, voilà un véritable programme pour la classe politique. Car c’est beau de déclamer ses droits, d’exiger de meilleurs traitements salariaux mais l’on est plus légitime à le faire, lorsqu’on on s’acquitte avec respect et engagement de ses devoirs. Encore plus, quand le sort des vies humaines est entre vos mains.