Depuis plusieurs semaines, 379 pêcheurs errent dans les entrailles du Port de Conakry en solidarité avec leurs capitaines arrêtés par la marine nationale guinéenne. L’amende fixée au départ à 30.000 euros (19.500.000 cfa) par l’Etat guinéen, le ministère sénégalais des Affaires étrangères a réussi à négocier jusqu’à la ramener à 2.000 euros soit 1.300.000 cfa.Donc, il suffisait seulement de payer cette amende pour faire libérer nos compatriotes. Cette négociation diplomatique sanctionnée par une amende forfaitaire, le ministre de la Pêche, M. Alloune Ndoye, l’ignorait.
Sinon, il n’aurait pas fait de cette affaire une récupération diplomatique ou politique alors qu’une mission diplomatique en place à Conakry sur instruction du ministre Me Aissata Tall Sall avait déjà tout réglé.Pour avoir violé les eaux territoriales guinéennes, 30 pirogues ayant à leur bord 379 pêcheurs sénégalais ont été arraisonnées par la marine nationale de la Guinée. Ce sont des patrouilleurs qui les ont détectées et les ont escortées jusqu’au port de Conakry où les sanctions suivantes ont été prises contre les équipages: saisie des captures, obligation de s’acquitter des droits de licence (400.000 cfa) et une amende de 10.000 euros soit 6. 500.000 francs par pirogue. Seuls les capitaines des pirogues arraisonnées ont été arrêtés puisque les autres pêcheurs (environ 350) sont libres de tout mouvement dans l’enceinte du port de Conakry.
En effet, ils ont préféré rester sur place en solidarité avec leurs capitaines en détention pour pêche illégale et défaut d’autorisation. Deux parents des pêcheurs arrêtés joints par « Le Témoin»> confirment les informations. « Effectivement, ils sont 350 pêcheurs sénégalais à errer dans le port de Conakry. Ils ne sont pas en détention. Seulement, ils ne peuvent pas rentrer au Sénégal sans leurs capitaines puisqu’ils ne savent pas conduire les embarcations. Donc, en toute solidarité, ils ont préféré tous rester à Conakry » expliquent nos interlocuteurs.Dans une note d’information rendue publique le vendredi 03 juin 2022, le ministre des Affaires étrangères et des Sénéga- lais de l’extérieur (Maese), Mme Aissata Tall Sall, explique que le ministre de la Pêche devrait se rendre à Conakry pour discuter de la question. « Et notre Ambassadeur à Conakry, depuis le premier jour, suit le dossier de très près et me rend compte. Plus de 300 pêcheurs sont partis pêcher en Guinée sans autorisation. Nous faisons tout notre possible pour régler le problème » a fait savoir le ministre des Affaires étrangères.
En poussant ses investigations, « Le Témoin » est en mesure de vous révéler que, sur instruction de Mme Aissata Tall Sall, une mission diplomatique a réussi à négocier la libération des capitaines contre une amende forfaitaire de 2.000 euros soit 1.300.000 cfa seulement alors qu’elle (amende) était officiellement fixée à 30.000 euros (19.500.000 cfa).Donc il suffisait simplement de s’acquitter de cette modique somme auprès du Trésor public guinéen pour que nos pécheurs soient tous libérés. Justement, le ministre de la Pêche, M. Alioune Ndoye, était-il réellement au courant de ces négociations diplomatiques à l’issue desquelles l’amende forfaire a été substantiellement réduite ?
Un ministre de la pêche…noyé.
Lors d’un récent Conseil des ministres, Me Aïssata Tall Sall avait rapidement évoqué la situation de ces pêcheurs sénégalais arrêtés en Guinée. Dans ce sens, Madame le ministre informait le président Macky Sall sur l’avancement des négociations en vue de la libération immédiate des pêcheurs sénégalais. Dans la salle, nous rapporte un participant, il fallait voir la façon dont le ministre Alioune Ndoye aurait écarquillé les yeux pour marquer son étonnement alors que c’est lui, ministre de la Pêche, qui en principe devait informer le président de la République sur cette affaire. Toujours est-il que dans cette affaire des 379 pêcheurs sénégalais et capi-taines de pirogues respectivement « bloqués » et arrêtés à Conakry, le ministre Alioune Ndoye risque d’être qu’un…faire valoir. Autrement dit, un payeur.De deux choses l’une : Ou le ministre de la Pêche serait victime d’une rétention d’informations ou alors, il aurait atteint ses limites dans les négociations.
Car on voit mal un ministre débarquer en « touriste » à Conakry pour s’acquitter d’un pauvre montant de 1.300.000 cfa pour ensuite revenir à Dakar et se vanter d’avoir libéré nos pêcheurs.Ce alors que le ministre des Affaires étrangères Me Aissata Tall Sall et ses collaborateurs avaient déjà décanté la situation c’est-à-dire réussi le plus difficile en ramenant l’amende salée infligée à nos compatriotes à un prix symbolique. Ce en mettant en avant les relations séculaires entre le Sénégal et la Guinée. Bref, une bataille de positionnement politique ou diplomatique entre Me Aissata Tall Sall et M. Alioune Ndoye aurait retardé la libération de nos pauvres pêcheurs retenus contre leur gré à Conakry.
Article Rédigé par Le Témoin et repris par DakarEvent