ILA’A TOUBA – Une autoroute qui a traversé le désert pour exister et qui s’est achevée 9.mois avant le délai initial

Pour exister, l’autoroute Ila’a Touba a dû braver toutes sortes d’intempéries. Et ce, depuis que les ingénieurs Chinois ont commencé à donner les coups de pioche, matérialisant l’accord signé entre l’ambassadeur Chinois et le ministère Sénégalais des Finances.

FIN AOÛT 2015…DÉBUT DES PROBLÈMES
Les premiers déboires de l’autoroute ont démarré en fin août. Alors que les menaces verbales fusaient déjà, la véritable grogne est issue du collectif des personnes affectées par le projet. C’est ainsi qu’une marche pacifique fut déroulée pour dénoncer le mode de déroulement du recensement des personnes impactées par l’autoroute et l’indemnisation établie par l’autorité administrative. Point d’achoppement : le barème utilisé était accusé de caducité. C’est du moins l’argument jadis brandi par le coordinateur de la structure Mor Diouf : « Le mode d’indemnisation ne nous agrée pas. Ils ont utilisé un barème très ancien qui date de 1964 et qui jusqu’à présent n’est pas actualisé. Ce barème est totalement différent de celui  utilisé dans le  cadre de Diamniadio ”, disait-il notamment. En un mot, le barème a été jugé trop modique au vu de l’importance des constructions et plantations qui allaient inéluctablement être endommagées. En somme, ils avaient proposé à titre de suggestion que chaque pied d’arbre soit dédommagé à hauteur 150.000 F Cfa, l’État leur proposait, à son niveau, 25 000 FCfa et 12 millions de FCfa à la place de 20 millions pour les maisons déjà construites.

DÉBUT NOVEMBRE 2015… Les hommes d’affaires grondent.
L’autoroute Ila’a Touba entamait ses journées sombres. Les hommes d’affaires, les transporteurs et des jeunes de la ville sainte de Touba prenaient le flambeau de la grogne en main. En effet, lors de la phase préparatoire, les autorités leur avaient assuré une bonne implication, voire un recours à leurs services en cas de besoin. Il s’était avéré que rien n’était effectif. Même certains maires avaient commencé à se faire entendre. Ce fut le cas de Babacar N’diaye de N’gogom qui avait vu un de ses villages entièrement déplacé et sa commune traversée par l’autoroute sur une quinzaine de kilomètres. Son désappointement résidait dans le fait que l’exécutif local de Bambey et les Chinois avaient commencé à construire des forages et divers autres petits œuvrages sans y associer les villageois.

À Touba, ce sont les hommes d’affaires dont des chefs religieux pour l’essentiel qui avaient vainement attendu de se voir confier des marchés. Chez les transporteurs, la colère était aussi incontrôlable. Beaucoup d’entre eux, privés de leurs véhicules de transport en commun « Rim », avaient espoir d’être recrutés. D’ailleurs, telle était la promesse du sous-préfet de N’dame. Aujourd’hui encore, ils attendent avec impatience de voir cette promesse se réaliser dans la phase d’exploitation. Les jeunes des villages que jalonnent l’autoroute espéraient eux-aussi rompre d’avec leur vie de chômeur. Hélas, que nenni !

MI- MAI 2016… Bambey et Thiès en colère
La question de l’indemnisation revient sur la table. À Bambey, des populations avaient impatiemment attendu les autorités qui, depuis 6 mois, faisaient dans le dilatoire. La localité de Keur Abdou Ndoye à Thiès laissait exploser une colère jusqu’alors étouffée par des bonnes volontés. Ils déclaraient que le projet avait énormément causé de torts surtout en détruisant leurs récoltes et leurs habitations.

FIN JANVIER 2017- Menaces de recourir au mysticisme

Les quelques mois de légère accalmie cachaient mal la tempête qui allait s’abattre sur l’autoroute. Comme jamais des populations ne s’étaient soulevées comme celle de Touba Kanka, sur le tronçon Touba-Ngabou. La localité est plus contre sous le sobriquet de ” Deuk Mou Reuy ». Les paysans dénonçaient farouchement le non respect des engagements par les autorités qui avaient promis de payer au mètre-carré la somme de 5000 francs. L’indemnité avait été revue à la baisse. Pire, elle avait été diminuée de moitié. Cette situation  plongeait les populations dans une désolation indescriptible pour deux raisons principales : le non respect des délais et l’irrespect des montants prévus pour les forfaits.

En mars 2016, les déboires avaient provoqué les premières grandes manifestations. Les populations avaient décidé de s’opposer à la poursuite des travaux. Elles étaient sorties en masse et avaient pris l’engagement de mettre terme aux activités des chinois qui étaient en train de dessiner le tracé de l’autoroute.

Selon leur porte-parole d’alors, plus de 1000 parcelles avaient été réquisitionnées. Ce qui ne faisait pas moins d’un milliard de francs à payer aux propriétaires. Très en colère, les manifestants aux brassards rouges avaient martelé que ces terres appartiennent à leurs ancêtres Samba Youga Kâ et Bilali Kâ. D’ailleurs, réputés très ancrés dans le mysticisme, les vieilles personnes avaient menacé de faire recours à ce patrimoine culturel pour faire tomber à l’eau. Rappelons cette visite en octobre 2015 de Cheikh Bass Abdou Khadre Mbacké. Le porte-parole du Khalife Général des Mourides état venu leur apporter son soutien et lever un coin du voile. En effet, il était question pour le chef religieux de leur rappeler que les terres en question appartenaient à Serigne Touba. « Ces terres, avait-il dit, font partie du titre foncier de Touba. L’argent qui sera donné en guise d’indemnisation doit être normalement versé au nom du propriétaire de ce titre foncier et en l’espèce c’est Serigne Touba. » Toutefois, tenait-il à préciser : « je tiens à vous dire que Serigne Touba n’a pas besoin de cet argent. C’est pourquoi, j’ai demandé à ce que l’indemnisation soit faite au profit des propriétaires traditionnels que vous êtes! » Les manifestants rentraient, ainsi,  dans l’espoir de voir leurs doléances satisfaites. Hélas !….

FIN FÉVRIER 2017…Touba Kanka passe à la vitesse supérieure

Énième manifestation de colère des populations de Touba Kanka. L’autoroute Ila’aTouba était, une fois de plus, bloquée du fait de l’arrêt des travaux décidé par les propriétaires des terres positionnées sur le tracé de l’ouvrage et récupérées par la Crbc. Après moult revendications restées vaines, les populations de cette localité située à 7 kilomètres de Touba mosquée avaient décidé de durcir le ton. Elles avaient manifesté leur courroux et comptaient mettre un terme aux travaux tant qu’elles n’auront pas reçu leurs indemnités.
«Nous sommes d’accord avec eux surtout, sur le montant des indemnisations et sur tout le reste. Malgré toutes les promesses qui nous ont été faites, nous n’avons pas encore vu le couleur de l’argent pestaient-elles.

JUIN 2017- Un Chinois meurt

Relevons aussi en passant ce drame du 19 juin 2017. Un contrôleur Chinois perdait la vie suite à un accident qui avait eu lieu à hauteur de la localité de Palène. La victime était à bord d’un camion dont le chauffeur avait raté le virage et perdu le contrôle. Éjectée du véhicule qui fit des tonneaux, elle sera ensuite heurtée de plein fouet par la carcasse de l’engin.

Et TOUBA DANS L’EXPLOITATION !

Aujourd’hui que le joyau de 416 milliards est presque achevé dans sa phase de construction, la cité religieuse, jusque-là  totalement écartée  des travaux, voudrait sa partition, au moins, avec l’inclusion de certaines de ses entreprises dans la phase d’exploitation. Les Jeunes attendent aussi d’être recrutés parmi le personnel qui sera chargé de l’entretien et de la vente des tickets au péage.

Source: dakaractu

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Author: Ibrahima MBOUP

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