Deux injections du vaccin BCG réduiraient durablement le taux de sucre dans le sang des malades, selon une étude américaine.
Un traitement contre le diabète de type 1 aurait-il enfin été découvert ? Un traitement qui plus est peu cher, sûr, et déjà disponible ? C’est ce que laissent entendre des chercheurs américains : une équipe du Massachusetts General Hospital, à Boston, sur la côte est des Etats-Unis, vient d’annoncer que deux injections du BCG, ce vieux vaccin connu pour protéger contre la tuberculose, suffiraient à maîtriser durablement cette redoutable maladie. Cette découverte, si elle se confirme, serait une véritable révolution pour les patients souffrant de ce mal – ils sont environ 300000 en France -, obligés de s’injecter de l’insuline plusieurs fois par jour pour survivre. Certes, l’étude a été menée sur un tout petit nombre de malades – neuf au total. Certes, il faudra encore la valider par des essais à plus large échelle. Mais il n’empêche : les résultats ont été jugés suffisamment convaincants pour être publiés par Vaccines, une revue de référence.
Le taux de sucre dans le sang se rapproche de la normale
L’expérimentation a débuté voilà huit ans. Trois premiers diabétiques, malades depuis déjà plusieurs années, ont reçu deux doses espacées d’un mois de ce vaccin mis au point voilà déjà près d’un siècle par des microbiologistes français. Au bout de trois ans, le taux de sucre dans le sang de ces patients était progressivement “revenu à des niveaux très proches de la normale”, selon les auteurs de l’étude. Les malades ont pu diminuer nettement leurs injections d’insuline, et n’étaient plus tenus de contrôler aussi souvent qu’avant leur glycémie.
Forts de ces résultats, les chercheurs ont administré le même traitement à six autres patients – avec le même effet. L’amélioration a ensuite persisté dans le temps pour tous les malades, y compris pour les premiers à avoir reçu les doses. En comparaison, d’autres diabétiques à qui un placebo avait été injecté ont vu, eux, leur glycémie continuer d’augmenter régulièrement. Depuis, un nouvel essai a été lancé avec 111 patients, pour tester l’effet de différents dosages du vaccin chez les diabétiques.
“Au-delà de ces résultats, nous comprenons maintenant clairement les mécanismes par lesquels le BCG agit”, a souligné le Dr Denise Faustman, à l’origine de ces travaux. Compte tenu des résultats préliminaires obtenus sur des souris, la chercheuse s’attendait à ce que le vaccin ait un effet sur les dysfonctionnements du système immunitaire qui, chez les diabétiques, attaque les cellules productrices d’insuline dans le pancréas. En fait, rien de tout cela ne s’est produit, et l’équipe de scientifiques a constaté que chez l’homme, le vaccin semblait en réalité modifier le métabolisme du glucose, en améliorant sa consommation par les cellules. “Cela ouvre la possibilité que le BCG puisse aussi avoir un effet contre le diabète de type 2”, précisent les chercheurs. Cette autre forme de la maladie, beaucoup plus répandue, est en effet liée à une moins bonne efficacité de l’insuline sur l’organisme – plutôt qu’à l’arrêt de sa production, comme dans le diabète de type 1.
Un traitement peu rentable pour l’industrie pharmaceutique
Alors que toutes les recherches pour trouver un traitement au diabète de type 1 se concentrent sur des réponses très “high-tech” (greffe de cellules souches, etc…), les travaux du Dr Denise Faustman ont longtemps fait l’objet de critiques virulentes de la part de ses confrères. La publication de ces premiers résultats de long terme chez l’homme apportent une preuve de la validité de ses théories. Elle a toutefois dû batailler pour obtenir des financements, car l’utilisation de ce vaccin très ancien ne rapporterait pas grand-chose à l’industrie pharmaceutique. Aujourd’hui, ses recherches sont largement soutenues par une fondation philanthropique.
Toutes les souches du BCG ne semblent toutefois pas avoir une efficacité identique, certaines n’ayant démontré aucun effet clinique, avertissent les auteurs de l’étude. Par ailleurs, il s’agit bien d’un traitement à visée curative, chez des patients déjà malades : des injections de ce vaccin chez des personnes encore exemptes de diabète ne paraissent pas empêcher son apparition ultérieure. “Cet essai, et d’autres en cours un peu partout dans le monde, pourraient entraîner un changement majeur dans le traitement des affections auto-immunes”, souligne Mihai Netea, professeur d’immunologie au centre médical universitaire Radboud des Pays-Bas, qui n’était pas impliqué dans l’étude. Le BCG – déjà utilisé dans le traitement du cancer de la vessie en prévention des récidives – semble par exemple également capable de ralentir la progression de la sclérose en plaques. Prometteur. lexpress