Les partisans d’un second référendum sur le Brexit se sentaient pousser des ailes jeudi après la menace agitée par la première ministre britannique Theresa May, qu’il pourrait n’y avoir pas de Brexit du tout en cas de rejet du projet d’accord conclu avec l’UE. Elle s’y est jusqu’ici toujours opposée.
Tout en affirmant que le pays quitterait bien l’UE le 29 mars 2019 comme prévu, Mme May a laissé entendre que cela pourrait ne jamais se produire si le Parlement rejetait le texte qu’il doit examiner en décembre. «Le choix est clair: nous pouvons choisir de partir sans accord, risquer qu’il n’y ait pas de Brexit du tout ou choisir de nous unir et soutenir le meilleur accord que nous pouvions négocier, cet accord», a-t-elle martelé devant les députés.
Un tel rejet pourrait en effet signifier la nécessité d’organiser un second référendum, qui pourrait renverser le résultat de celui de juin 2016, lors duquel 52% des Britanniques avaient voté en faveur du Brexit.
Theresa May a répété jeudi qu’elle était opposée à la tenue d’une telle consultation. Mais la démission de plusieurs de ses ministres, mécontents de l’accord, et la volonté de certains députés de son parti conservateur d’obtenir un vote de défiance, l’ont sérieusement fragilisée, laissant toutes les options ouvertes aux yeux des adversaires du Brexit.
Elle «est en train de comprendre»
«Un vote populaire sur l’accord final sur le Brexit, lors duquel les gens pourraient choisir de rester dans l’UE, est la seule façon de sortir de cette période incertaine», a déclaré le chef du parti libéral-démocrate Vince Cable.
Pour l’ancien porte-parole du gouvernement travailliste, l’anti-Brexit Alastair Campbell, Theresa May «est en train de comprendre le message» des partisans d’un second référendum.
Si en juin 2016, la majorité des Britanniques avait choisi la sortie de l’UE après quatre décennies de mariage, deux ans de négociations difficiles ont fait grimper la popularité du mouvement en faveur d’un second référendum. Celui-ci rallie à la fois politiciens europhiles, militants anti-Brexit et personnalités.
«A l’époque, nous ne savions pas vraiment quelles seraient les conséquences de la sortie de l’Union européenne», a déclaré l’ancien joueur de football Gary Lineker, lors d’un rassemblement pour un second référendum mardi à Londres. «Il est très rare dans la vie d’avoir l’opportunité de prendre du recul».
«Ce que nous avons appris au cours des deux dernières années, c’est que nous n’aurons jamais un Brexit qui corresponde de quelque manière que ce soit aux promesses incroyables» qui ont été faites, a déclaré l’ancien secrétaire d’Etat britannique aux transports, Jo Johnson, qui participait aussi à ce rassemblement, après avoir claqué la porte du gouvernement la semaine dernière. Étaient aussi présents une foule d’autres conservateurs qui se sont éloignés de la ligne du parti.
Soutien travailliste indispensable
Le principal parti d’opposition, le Labour, préfère, lui, garder toutes les options ouvertes, même si de nombreux députés travaillistes soutiennent la tenue d’un référendum.
Plusieurs sondages récents ont montré qu’une majorité de la population était en faveur d’un autre vote et du maintien du Royaume-Uni dans l’UE. Les analystes politiques semblent, eux, plus circonspects.
«Je ne vois aucun premier ministre conservateur accepter cela», a déclaré Henry Newman, directeur du centre de réflexion Open Europe, à l’AFP.
Steven Peers, professeur de droit à l’université d’Essex, souligne la difficulté d’organiser un vote rapidement et d’obtenir un soutien politique suffisant. «Un second référendum n’est possible que si le parti travailliste le soutient et, même dans ce cas, il pourrait ne pas disposer de suffisamment de voix à la chambre des communes», a-t-il déclaré à l’AFP. (ats/nxp)