Donald Trump, l’homme qui moque les «losers», a subi une défaite mardi soir. Mais il ne devrait pour autant changer de ton ou de style, encouragé par des résultats plus nuancés qu’il y paraît. La perte de la Chambre des représentants, désormais contrôlée par ses adversaires démocrates, lui complique singulièrement la tâche pour la deuxième partie de son mandat.
Mais à l’annonce des résultats, le milliardaire de New York n’a pas, loin s’en faut, opté pour l’humilité. Dans son style caractéristique, il a qualifié la soirée électorale d’«immense succès». «Merci à tous!», a ajouté dans un tweet celui qui n’a désormais plus qu’une date en tête: le 3 novembre 2020, date de la prochaine élection présidentielle américaine.
Encore plus trumpiste?
De fait, les résultats des élections de mi-mandat pourraient même l’enhardir, le pousser à être plus trumpiste que jamais, réorganiser son équipe, faire taire les rares voix dissidentes dans son entourage ou au sein du «Grand Old Party».
Après tout, le «style Trump» fonctionne toujours en campagne, comme l’ont prouvé les victoires emblématiques des républicains au Texas (Ted Cruz réélu au Sénat) ou en Floride (élection au poste de gouverneur du très pro-Trump Ron DeSantis), deux Etats où il s’était personnellement impliqué. Et les semaines passées à sillonner l’Amérique sur les estrades de campagne lui ont donné une forme d’énergie renouvelée. Dans les salles rempliées de casquettes rouges «Make America Great Again», ses partisans crient déjà «Quatre ans de plus!».
La majorité républicaine élargie au Sénat lui permettra de poursuivre les nominations de juges conservateurs à un rythme soutenu. Enfin, les résultats de mardi lui offrent un adversaire tout désigné: la chef des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
A 78 ans, l’élue de San Francisco ne sera pas nécessairement dans la meilleure position pour résister à ses attaques, tant la pression est forte dans son propre camp en faveur d’un renouvellement.
Quel adversaire en 2020?
Certains à Washington spéculent pourtant sur une évolution chez le président septuagénaire, face à cette nouvelle donne politique. Quelques heures avant le vote, il a laissé entendre qu’il pourrait changer de registre, se montrer moins systématiquement provocateur, moqueur, agressif.
Interrogé à la veille du scrutin sur d’éventuels regrets depuis son arrivée à la présidence, il a répondu: «J’aimerais avoir un ton beaucoup plus doux. J’ai le sentiment que, dans une certaine mesure, je n’ai pas le choix. Mais peut-être que je l’ai en fait».
Dans la soirée de mardi, il a par ailleurs appelé, comme c’est la coutume, Mme Pelosi. Mais la main tendue pourrait être de courte durée. Sa proche conseillère Kellyanne Conway a d’ailleurs rapidement mis les points sur les «i». M. Trump est conscient qu’il devra travailler avec les démocrates au Congrès, a-t-elle affirmé, avant de rejeter par avance la faute sur ces derniers, accusés d’avoir «montré peu d’appétit pour travailler avec le président».
Qui face à Trump?
Reste à savoir quel candidat émergera des rangs démocrates pour le défier en 2020. Électrice démocrate, Kit Jenkins, 66 ans, qui vit à St Louis, Missouri, a horreur de Donald Trump, mais s’inquiète de la capacité de responsables de son camp à trouver le bon candidat pour la prochaine échéance. «Je pense que nous avons besoin de sang neuf», expliquait-elle à l’AFP quelques jours avant les élections législatives. «J’en ai ras-le bol de ces vieux qui sont en charge du parti démocrate, je pense qu’ils doivent céder la place».
Si le sénateur du Vermont Bernie Sanders, 77 ans, l’ancien vice-président Joe Biden, 75 ans, ou encore l’élue du Massachusetts Elizabeth Warren, 69 ans, ne méritent pas l’investiture démocrate, qui alors? «Je dois admettre que je suis moi-même un peu perplexe…Honnêtement, je ne sais pas. Mais nous avons besoin de nouvelles idées», ajoutait-elle.
Donald Trump lui-même, ne cache pas qu’il serait plus à l’aise face à une figure connue. «La seule chose qui m’inquiète c’est l’arrivée d’un inconnu complet dont personne n’a jamais entendu parler», lançait-il fin septembre, mi-sérieux, mi-amusé, lors d’un meeting de campagne en Virginie occidentale.(afp/nxp)